Grangé joue de la machette
Début des années 1980. En France, la gauche est arrivée au pouvoir et la communauté homosexuelle ose désormais s’afficher en pleine lumière, sous les spots des discos. Tout est permis, la fête est orgiaque, mais cela ne va pas durer. De l’euphorie au désespoir, la célébration des sens sombre dans l’horreur avec cette maladie qui semble d’abord s’attaquer uniquement aux gays : le sida. Et comme si cela ne suffisait pas, Jean-Christophe Grangé en rajoute une couche à coups de machette avec un tueur en série qui semble tout droit sorti des enfers.
Dans Sans Soleil, qui se décline en deux tomes, l’auteur à répétition de best-sellers, souvent adaptés au cinéma (Les rivières pourpres, L’empire des loups) ou à la télévision, applique des recettes éprouvées : le sang coule à flots, les descriptions sont parfois à la limite du supportable. Mais pour combattre le mal, l’écrivain a le chic pour nous balancer des héros vraiment atypiques et des plus attachants. Là, on a un flic gravure de mode, solitaire, mais qui ne boit quasi rien (il ne supporte pas) et dont la seule passion féminine consiste à mater des vidés pornos de Brigitte Lahaie. Pour l’assister, un médecin, véritable saint en apparence qui se consacre corps et âme aux premières victimes du sida, sans oublier une jeune orpheline sud-américaine, à la tête dure et bien faite, dont on devine le grand cœur derrière la froideur.
Un trio de choc donc qui va voyager de la France à l’Afrique avant de traquer le tueur en série à Haïti, dans des bidonvilles où la misère est à son paroxysme.
On vous l’a dit, terriblement addictif et épouvantable presque à chaque page. Une lecture qui vous fait douter plus que jamais de l’être humain.
Sans Soleil, disco inferno tome 1 Sans Soleil, Le roi des ombres, tome 2 Éditons Albin Michel
