La parodontite, une menace pour vos dents
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Il y a des signes qui ne trompent pas, comme un saignement des gencives, une dent qui se déchausse ou qui commence à bouger. À ce stade, il n’est pas trop tard, mais il est urgent d’intervenir. Il faudra les efforts conjugués d’un trio de choc – patient, hygiéniste et dentiste – pour conserver cette dentition. Qui ne rêve pas de continuer longtemps à sourire de toutes ses dents et à oser croquer dans une pomme?
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Les problèmes de parodontite concernent environ 62% de la population; 50% des cas sont légers à modérés. Les atteintes sévères touchent 20 à 25% des patients. «Depuis les années 1990, la prévalence de la maladie augmente», remarque le Dr Simon Meyer, médecin-dentiste spécialisé en parodontologie à Lausanne. «Cela s’explique probablement par les progrès réalisés au niveau de la conservation des dents. Qui dit dents conservées plus longtemps, avec une population vieillissante, dit aussi augmentation du risque de développer une parodontite.»
La gencive s’apparente à un joint étanche qui isole et protège l’os. Lorsque des bactéries provoquent un état d’inflammation, la gencive n’est plus imperméable. Des poches se créent, les bactéries prolifèrent et l’os commence à se résorber, puis les dents se déchaussent et commencent à bouger.
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Le rôle de l’immunité
«La cause en est presque toujours la plaque bactérienne, ces bactéries qui s’accumulent contre la dent», observe Simon Meyer. «Il y a différents types de bactéries. Certaines créent un gros stress inflammatoire qui fragilise l’immunité. Divers facteurs peuvent influencer l’immunité. Le tabac, par exemple, ou certaines maladies chroniques comme le diabète. Un diabète mal contrôlé a un lien avec l’apparition de parodontites plus sévères. Parmi les autres facteurs, citons également le stress ou la génétique. De petites modifications au niveau génétique peuvent donner lieu à des réactions inflammatoires et avoir pour effet des parodontites plus sévères.» En résumé, c’est la manière dont le corps réagit à la présence des bactéries, de manière normale ou au contraire disproportionnée, qui agit sur l’équilibre du parodonte.
Éviter les récidives
Quand un patient a un sérieux problème qui n’est gérable ni par l’hygiéniste, ni par le dentiste omnipraticien, il est pris en charge par le parodontologue. Mais avant même de commencer le traitement, le spécialiste donne des instructions au patient pour qu’il observe une bonne hygiène à la maison, avec la brosse à dents, le fil dentaire et la brossette. «Il faut éviter le risque de récidive, insiste le Dr Meyer. Il ne s’agit pas de faire un traitement profond sur le court terme et de devoir le recommencer quelques années plus tard. Dans la phase initiale, nous cherchons vraiment à donner les bonnes habitudes au patient pour qu’il puisse conserver les bénéfices du traitement et garder ses dents, avec le concours de l’hygiéniste, qui fera des soins réguliers.» Si une personne souffre, en plus de la parodontite, d’une autre maladie comme le diabète ou une affection cardiaque, le parodontologue discute de temps à autre avec son médecin traitant pour connaître l’évolution de la santé du patient.
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Quel traitement?
La plupart des traitements commencent par ce que les spécialistes appellent des surfaçages. La gencive est d’abord endormie pour permettre d’éliminer les dépôts bactériens. Les dépôts durs, comme le tartre, sont enlevés pour que la dent soit propre et que la gencive puisse cicatriser. «On fait également un lissage, précise le spécialiste. Il s’agit d’une petite abrasion de la dent, car celle-ci n’est pas toujours très régulière et présente des zones où pourraient se nicher des bactéries. Le surfaçage permet de régler la plupart des cas. Mais il arrive, en présence de certains germes, que l’on doive associer au traitement des antibiotiques.»
Au bout de quelques mois, vérification des sites où se trouvaient les poches, ainsi que de la qualité de la cicatrisation. Si la situation est assainie, commence une phase d’entretien régulier avec l’hygiéniste. «Dans de rares cas, s’il subsiste des poches empêchant le patient de procéder à un nettoyage suffisant, on passe à une intervention chirurgicale en essayant si possible de régénérer l’os et le ligament parodontal. L’objectif est de rendre la gencive à nouveau étanche, afin de stabiliser l’os. Si un patient a déjà perdu plus de deux tiers de son os, on ne peut pas garantir qu’il gardera ses dents jusqu’à la fin de sa vie. D’où l’importance de consulter rapidement pour avoir de bons résultats.»
Un souci financier
Avec l’avancée en âge, la perte osseuse est une réalité. Simon Meyer relève le lien qui existe entre la perte osseuse et un état inflammatoire. Comme le système immunitaire vieillit avec l’âge, on peut présenter une inflammation légère qui peut être un facteur de risque d’inflammation autour de la dent. Le détartrage régulier chez l’hygiéniste est donc important pour la santé, et aussi d’un point de vue financier. C’est d’ailleurs pour ces raisons que les patients au bénéfice de prestations sociales ont droit à deux détartrages annuels.
Malheureusement, certains retraités de condition modeste renoncent parfois à ces contrôles à cause du prix de la consultation. Mais, à terme, cette économie risque de leur coûter très cher, remarque le parodontologue: «Je vois assez souvent des patients qui ne reviennent pas pendant des années pour éviter les frais de l’hygiéniste. Ils se retrouvent ensuite dans des situations compliquées, parce que leur état s’est dégradé et nécessite des traitements plus importants. Au lieu de payer quelques centaines de francs par année pour des détartrages réguliers, ils se retrouvent avec des factures plus élevées, de plusieurs milliers de francs. Parfois, une personne vient tellement au dernier moment que je ne peux plus rien faire pour sauver ses dents. On ne dira jamais assez l’importance de la prévention!»
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Choisir les bons accessoires
- Qualité de la brosse à dents
Opter pour une brosse souple ou moyenne selon la force exercée, mais éviter les brosses dures.
- Variété de brossettes
Celles avec une tige centrale métallique et des poils sont souvent faciles d’utilisation, mais l’hygiéniste est le plus à même de préconiser les moyens interdentaires adéquats. Le plus important est de pouvoir nettoyer chaque espace interdentaire avec l’accessoire adapté.
- Dentifrice spécial gencives
Certaines pâtes dentifrices peuvent aider à réduire partiellement l’état inflammatoire.
- Dentifrice blanchissant
Souvent plus abrasif que la moyenne, un dentifrice blanchissant permet d’enlever certaines colorations dentaires. Il n’est pas particulièrement agressif pour la gencive.
- Solutions de rinçage
Privilégier les solutions sans alcool. Il existe plusieurs formules pouvant apaiser les gencives. Celles à base de chlorhexidine ne doivent pas être utilisées sur le long terme, en raison d’un risque de colorations inesthétiques, mais réversibles. On peut aussi utiliser des solutions à base d’huiles essentielles, ainsi que le bicarbonate (ne pas se brosser les dents avec, car très abrasif) ou l’eau oxygénée, par exemple.