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Société

Jacqueline de Quattro: «J’aimerais voir mes petits-enfants plus souvent»

Nicolas Verdan, Journaliste - jeu. 01/02/2024 - 13:32
Devenue mère très jeune, quand elle était encore étudiante, Jacqueline de Quattro, 60 ans, profite aujourd’hui à fond du temps passé avec ses deux petits-enfants: Monica, 7 ans, et Michael, 5 ans. Deuxième épisode de notre rubrique «Moi, grand-parent».
conseillère nationale Jacqueline de Quattro (PLR/VD)  intergénérationnel grand-parent
La conseillère nationale Jacqueline de Quattro (PLR/VD) heureuse dans son rôle de grand-maman. © DR

Vous vous attendiez à devenir grand-mère?
Je me réjouissais beaucoup. Mes petits-enfants, c’est un cadeau, un pur bonheur. Avec plus de temps à leur consacrer que je n’en ai eu pour mes enfants, nés alors que j’étais encore aux études. Même si ce qui compte, c’est moins la quantité de temps passé ensemble que la qualité de la relation. Avec aussi une certaine décontraction qui découle de l’expérience.

Comment avez-vous réagi à la naissance de votre petite-fille?
Ce jour-là, j’étais à Thoune. Ministre vaudoise de l’énergie, je visitais une entreprise qui faisait des panneaux solaires. Tout d’un coup, j’ai été saisie par un stress incroyable, chose plutôt rare chez moi. Je n’arrivais plus à respirer. C’était l’instant où ma fille a accouché. J’ai reçu l’appel du papa juste après. Je me suis excusée en disant que j’étais temporairement « inutilisable. » Je suis rentrée ventre à terre, voir ma fille et son nouveau-né à l’hôpital. C’était trop beau.

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Quand j’ai eu le droit de garder mes petits-enfants, j’ai retrouvé aussitôt toutes les sensations”

Jacqueline de Quattro

Devenir grand-mère, vous en rêviez?
Ma fille et moi sommes toutes deux avocates. Il reste difficile pour les femmes de concilier vie de famille et carrière. Contrairement à moi, ma fille a choisi de consolider d’abord sa situation professionnelle. Elle avait raison. Je ne m’impatientais pas, mais je me réjouissais.

Vous souhaitiez une petite fille ou un petit garçon?
Aucune importance. Les deux sont chouettes. Mon seul souhait était qu’ils soient en bonne santé. Mon vœu a été exaucé et j’en suis heureuse. Cerise sur le gâteau : j’ai à présent deux petits-enfants, une fille et un garçon. Je suis gâtée.

La première fois que vous vous êtes retrouvée seule à les garder?
Ma fille est très maman poule. Elle ne me les a pas confiés tout de suite. Mais quand j’y ai eu droit, j’ai retrouvé aussitôt toutes les sensations. 

Vous saviez encore les langer?
étonnamment, cela ne s’oublie pas. J’ai juste remarqué que ma fille est plus perfectionniste que moi. J’avais 21 ans quand je suis devenue maman, j’étais à l’Uni, j’avais plein d’autres choses dans la tête. Je me débrouillais, j’improvisais. Tout n’était pas toujours parfait.

Votre meilleure qualité de grand-parent?
Je ne pense pas avoir une qualité particulière. J’adore mes petits-enfants, qui me le rendent bien. On partage des expériences sympas. Depuis qu’ils tiennent sur leurs jambes, nous partons à l’aventure et à la découverte de la nature. Qu’il vente ou qu’il pleuve, on part en forêt, en montagne, on remonte les rivières. Je leur apprends à connaître les plantes et les animaux. A faire un feu pour y griller nos saucisses. Alors quand je vais les chercher à l’école, ils s’exclament : « Mami, on part faire un pique-nique ? » 

Vous êtes une grand-maman disponible?
Je ne suis malheureusement pas une grand-maman qui peut les garder un ou deux jours par semaine. Mais quand je suis libre, je me consacre entièrement à eux. On passe des journées et des week-ends mémorables. 

Il y a des choses qui vous énervent dans l’éducation de vos petits-enfants?
Non. Je trouve qu’ils sont remarquablement bien élevés. Ma fille fait preuve de plus de prudence que je n’en avais et c’est très bien. Je n’avais peur de rien et c’est valable dans ma vie en général. Avec mes petits-enfants, je dois faire plus attention, sinon ma fille me tire les oreilles.

Qu’est-ce qui vous émerveille chez eux?
Leur joie de vivre, leur jolie relation entre frère et sœur. Et leur curiosité. Leurs parents prennent le temps pour tout leur expliquer. Ils appellent les choses par leur nom. Tu as vu l’oiseau? Oui, c’est un merle. Ce chien? Un caniche, oui. Tu as mal au ventre? Oui à l’estomac.

Ils sont faciles?
Il arrive à mon petit-fils (5 ans) de se mettre dans une colère noire contre lui-même quand il n’arrive pas à faire quelque chose. Ma fille a trouvé la parade : elle lui parle très calmement et lui demande s’il ne veut pas aller criser dans sa chambre. Il accepte. Quand il revient, après 2-3 minutes, il se mouche et dit: «C’est fini.» On n’épilogue pas et il garde sa fierté. Quant à ma petite-fille, c’est une grande rêveuse. Elle est dans son monde, invente mille belles histoires. Il faut parfois la ramener sur terre.

Il y a des trucs que vous rêveriez de faire avec eux et que vous n’osez pas dire à leurs parents?
Non. J’aimerais simplement les voir plus souvent. Mais je n’arrive pas. C’est mon seul regret.

J’ai vécu avec mes grands-parents pendant une année quand j’avais dix ans”

Jacqueline de Quattro

L’influence de vos propres grands-parents compte-t-elle?
Oui. J’ai vécu avec mes grands-parents pendant une année quand j’avais dix ans. Mon père a été déplacé professionnellement au Japon et nous étions censés l’accompagner. Ma mère l’a suivi. Mais l’école a décrété au dernier moment qu’en ce qui me concernait, c’était impossible: qu’on ne parlait ni français ni allemand à Osaka et que j’allais rentrer analphabète. A l’époque, on ne discutait pas une décision scolaire. Ce sont donc mes grands-parents qui se sont occupés de moi et cela a créé des liens très forts. 

Avez-vous déjà dit non à vos petits-enfants?
Bien sûr ! Tout le temps. Ils sont bien élevés, mais comme tous les enfants, ils testent les limites. Mon petit-fils en particulier essaie toutes les méthodes. C’est un grand charmeur. Si vraiment il insiste trop, je tape de la main sur la table. 

Ils ont aussi des liens avec leurs autres grands-parents?
Oui. La famille de mon beau-fils, qui vit au Brésil, est aussi très présente, dans les limites de leurs possibilités. Ils viennent en Suisse plusieurs semaines par année pour les voir et s’en occuper. Nous sommes une famille très unie, même si nous ne nous voyons pas tous les jours. 

Partagez-vous votre passion des arts martiaux avec vos petits-enfants?
La grande vient de passer sa ceinture jaune et en est très fière. Le petit fait encore de l’initiation au judo. Mes deux enfants sont ceintures noires dans plusieurs arts martiaux. Nous avons fait de nombreux stages ensemble, y compris au Japon. C’est une passion commune dans notre famille.

Chic ! quand ils arrivent… ouf ! quand ils partent?
Moi je les appelais les «youpioufs». On se réjouit quand on les prend et on est crevés quand ils rentrent. Parce que quand ils sont là, je ne les plante pas devant la télévision. C’est du non-stop. On joue ensemble, on cuisine ensemble, on passe l’aspirateur ensemble. Après ça, ils dorment bien, et moi aussi.

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