Alexandre Voisard: la mort et moi

- Quelle place occupe la mort dans votre vie ? 
- Dans mon enfance, je n’entendais parler de la mort que de manière feutrée, et à mi-voix, à l’abri des jeunes oreilles. Même le mot était rare et retenu. Comme des secrets d’adultes alors que le défunt gisant dans l’ombre était invisible avant même d’être disparu. Le mot et son mystère qui seront restés durant toute mon existence comme une abstraction, même si, quant à moi, je la frôlerai à plusieurs reprises avec une légèreté qui m’étonne encore. 

- Une fin tragique ressemble à quoi ? 
- Je pense parfois à Jacques Chessex avec qui je dînais à la veille de sa mort. Au cours d’un débat où il était pris à partie, il s’est levé et eut juste le temps d’articuler : « Je veux dire à ce monsieur », avant de s’écrouler. C’est une mort douce et à...