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Opinion

Réfléchissons avec Antoine Jaccoud!

Blaise Willa, Directeur de publication et rédacteur en chef - lun. 01/07/2024 - 17:05
L'éditorial du magazine «générations» des mois de juillet-août 2024, par Blaise Willa.
surconsommation éditorial
À la fin de l’année, l’humanité aura consommé ou dégradé l’équivalent d’une planète 1,7 fois plus abondante que la Terre. © iStock

Les textes d’Antoine Jaccoud, dramaturge et écrivain vaudois parfaitement vivant, devraient toutes et tous nous mettre en alerte: ses mots frappent juste et fort. Ils touchent là où ça fait mal, au cœur de nos errances et de nos contradictions, de nos petits arrangements et de nos grandes certitudes. Écologie, rapport aux bêtes – et donc à la viande et aux véganes –, consommation et donc mondialisation, migration et donc drame de la migration, les textes de Jaccoud se lovent avec cruauté dans nos interstices et éclairent pour nous le grand dérangement du monde. Sourire aux lèvres, il raconte donc et on commence par rire un peu, puis un peu plus, et l’ironie mordante qu’il manie pourtant avec douceur finit de nous achever. Généralement, et pour peu qu’on soit réceptifs aux alertes, on termine souvent morts, de rire ou de désespoir, ce qui revient au même. 

Pourquoi vous en parler ici? Parce que certains de ses textes seront lus au Théâtre du Jorat en août et septembre et qu’il faut y aller. Marthe Keller et Mathieu Amalric, entre autres, seront de la partie. Mais on en parle aussi parce que c’est l’été et qu’à nouveau le grand étal du monde est ouvert, et nos mains brandies. Surconsommation, nous voilà!

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On termine généralement morts, de rire ou de désespoir, ce qui revient au même”

Blaise Willa
Blaise Willa

Un exemple? Dans le ciel, le nombre de voyageurs aériens devrait atteindre 5 milliards de personnes cette année, un record absolu qui renvoie l’ère de la sobriété post-Covid aux temps du paléolithique. «Le besoin humain de voler n’a jamais été aussi fort», a même lancé le directeur général de l’Association internationale du transport aérien, réunie en assemblée générale à Dubaï (évidemment). On continue? À la fin de l’année, l’humanité aura consommé ou dégradé l’équivalent d’une planète 1,7 fois plus abondante que la Terre. Certains ont célébré avec tristesse le jour du grand dépassement et, en Suisse, c’est tombé le 13 mai dernier.

On s’en voudrait de vous pourrir l’été, mais il faut le répéter: à l’heure de la fracture – qu’elle soit économique, guerrière, climatique, consumériste, politique ou technologique –, jamais le quotient du collectif rêvant d’un lendemain qui chante n’a été aussi bas. 

Pourtant, il est permis de rêver un peu. Il suffirait de s’arrêter et d’ouvrir un livre, un bon livre. De penser, de partager sur l’état du monde, de s’engager différemment et ensemble pour retrouver un peu de joie. Comme le scande encore Jaccoud, ne restera sinon que l’amertume, ce grand mal qui nous ronge et qu’il faut éradiquer de toute urgence. 

Bel été quand même!

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