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Culture

Rire d’un AVC

Jean-Marc Rapaz, Journaliste - mar. 25/06/2024 - 07:24
Formidable Christian Binet qui réussit le challenge de nous émouvoir tout en nous faisant marrer avec son dernier album. Une bande dessinée inspirée d’une histoire vraie, celle de Marion, victime d’un anévrisme massif à l’âge de 18 ans.
BD, une planche de Marion de binet
© Modified by DALIM SOFTWARE

Marion

Il fallait oser. Et Christian Binet l’a fait. Raconter l’histoire de Marion Larat, victime d’un AVC massif à l’âge de 18 ans. Un incident improbable quand on est aussi jeune même si la prise de la pilule contraceptive aurait joué un rôle. L’affaire est toujours en cours au pénal, vingt ans plus tard, car oui, malgré son handicap, Marion, devenue maman continue son combat. Et dieu sait s’il est émouvant mis en cases par le papa de la série culte, Les Bidochon. Sensible, mais aussi drôle sans jamais être de mauvais goût, le récit nous montre toutes les embûches qui se sont dressées devant elle, mais aussi l’inhumanité des médecins, voire la crétinerie d’un interne qui ne voit dans la jeune fille qu’un cas, point à la ligne. Des parents formidables, mais parfois – et c’est normal – dépassés par le drame et ses interminables conséquences. Demeure la question, pourquoi Binet s’est-il engagé sur cette voie aussi délicate, pour ne pas dire casse-gueule ? Tout simplement parce que dans son parcours, Marion a retrouvé le goût du rire et de vivre avec la bande dessinée, dont celles de notre auteur. Et c’est elle qui l’a contacté en premier, le rencontrant finalement en chair en os lors d’un dîner. Trois jours plus tard, elle a reçu un mail de l'auteur lui annonçant son intention de faire de son histoire un album. Marion a dit oui.

Marion


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Ton père, ce héros

Vive Tronchet ! Avec son dessin inimitable qui semble parfois sorti d’un cahier d’écolier, ce faux naïf arrive systématiquement à toucher une corde sensible chez les uns et les autres. Là, fort de son expérience personnelle, il revient sur son roman paru en 2006 pour évoquer en dessins cette fois les années où il a retrouvé son âme d’enfant en tenant la main de son fils et en partageant ses plaisirs dans la découverte du monde. Entre 4 et 8 ans, le senior est alors le héros absolu du plus petit. C’est plus tard que cela se gâte. En attendant, cette période bénie est pleine d’amour et de sensibilité. Oui, un album touchant, drôle et tendre à plus d’un titre.

Ton père...

 

Reines et dragons, tome 1

Vous voulez de la franche rigolade sans aucune arrière-pensée ? Alors, vous allez être comblé avec cette lecture. Auteur quasiment déifié dans l’hexagone pour ses albums précédents dont Le chat du rabbin, Joann Sfar se laisse totalement aller cette fois en revisitant l’univers de la Fantasy, avec une jeune princesse complètement cinglée. Donc, il était une fois une fillette comblée par ses parents jusqu’au jour où leur château est dévasté par des hordes de monstres sanguinaires. Alors que ses parents brûlent, elle réussit à s’enfuir avec un dernier cadeau magique du magicien de la citadelle : une bicyclette. Elle ne sait pas s’en servir, hormis pour écraser la tête de trolls sur son chemin. Par chance, elle va rencontrer un dragon rouge, féroce cela va de soi, et son gros chien, peureux. À partir de là, grâce à une complicité basée sur le plus pur pragmatisme, le duo va réduire en cendres ses adversaires. Bon, le scénario est déjanté, on tentera de nous persuader qu’il s’agit là d’une fable politique qui évoque entre autres les violences faites aux femmes. Pour notre part, on a juste éclaté de rire à chaque page avec cette héroïne aux antipodes des codes régissant les contes de fées. Ah oui, vu certains gags de mauvais goût (c’est assumé), cette lecture est réservée aux adultes.

Reines et dragons

La dernière frontière

Là, on ne rigole plus. En 1746, dans les Highlands, les clans se font écraser par l’armée anglaise. Le temps de la répression est venu et ça tombe d’autant plus mal pour James et son oncle Modoc, ce dernier ayant eu la mauvaise idée d’occire un officier de sa gracieuse Majesté qui tentait d’abuser de la fiancée de son neveu. Bref, ils n’ont pas d’autre choix que de s’exiler dans le Nouveau Monde pour échapper à la vengeance du frère de la victime. Devenus trappeurs, nos deux hommes se retrouvent toutefois dans un nouveau conflit sanglant, opposant les Français aux Rangers britanniques et à leurs alliés amérindiens. On l’a compris, pour la tendresse, on repassera et on évitera de mettre cet album, au dessin plutôt sympa, entre les mains des plus jeunes.

La dernière frontière


Bertille & Lassiter

Quel pied ! Une fois encore, on prend un plaisir fou à lire la nouvelle œuvre d’Eric Stalner. Un brin de fantastique avec la présence de cette mystérieuse boule rouge qui colore les pages de l’album. Pour le reste, un scénario digne des Tontons flingueurs avec des personnages qui ont la gueule de l’emploi. À commencer par l’ancien commissaire Bertille et son épouse. Ils se sont rencontrés à la fin des années 1920, mais ce n’est que 40 plus tard qu’ils accueillent sur leur île un jeune homme un peu paumé venu du Nebraska. Problème il est poursuivi par une bande de mafieux bien décidés à lui régler son compte. Autant le dire, les balles vont voler dans tous les sens, Il vaut mieux baisser la tête. Un polar fantastique de tous les points de vue. 

Bertille & Lassiter 

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