Pour tout dire, je ne retiens même pas les titres de ces films. Ces longs métrages dont on ignorait jusque-là l’existence, qui pullulent notamment sur les chaînes qu’on devine sans gros budget et donc sans exigence. Vous les avez reconnus, ce sont les fameux navets avec des acteurs inconnus au bataillon et au scénario qui tient en deux lignes. Bref, aucun intérêt, mais puisqu’on en est à ce stade, autant en profiter pour se cultiver.
Pourquoi ce légume et pas un autre pour qualifier ces productions cinématographiques? Hein, qu’est-ce qu’il a fait au bon Dieu, le navet, pour se retrouver associé à cette catégorie honteuse? Ben, pour une fois, l’explication la plus souvent avancée de cette expression populaire est la plus logique qui soit. À savoir que son goût jugé insipide et son faible coût ont très vite émaillé les conversations «pour exprimer une valeur minime», note Le Figaro, en se basant sur le Trésor de la langue française. Le navet, orthographié «navel» au XIIe siècle, passera dans les conversations, notamment pour désigner une personne niaise, sotte. Avant d’arriver dans le domaine de l’art, où on l’utilisera pour parler d’un tableau jugé comme étant une croûte. Dès lors, et après la naissance du cinéma, il caractérisera un mauvais film.
Dont on peut dire aussi que c’est une daube, expression dont l’origine serait à rechercher du côté de l’argot lyonnais et qui signifierait «gâté» en parlant des fruits et des viandes.
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La revanche du navet
Reste que le navet tient aujourd’hui sa revanche. D’abord, merci le véganisme et le bio, car les plus grands chefs étoilés l’ont maintenant inscrit à leur carte. Comme Guy Savoy dans son plat «Homard poché puis rôti, accompagné d’une déclinaison de navets confits et en purée. Spaghettis de navets à l’iode et jus de homard au vin rouge.»
Et puis les films les plus nuls ont désormais leurs Oscars, à savoir les Razzie Awards, qui récompensent chaque année les pires acteurs, scénaristes, réalisateurs et films. Cette année, les distinctions sont revenues à un long métrage où Winnie l’ourson et Porcinet sont transformés en tueurs psychopathes. Le pire, c’est que ce navet a rapporté 5 millions de dollars, alors que son coût de réalisation n’a pas dépassé 250'000 dollars. Une bonne affaire donc, qui pousse son réalisateur à envisager maintenant des films d’horreur basés sur les livres Bambi et Peter Pan. Au secours!
