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Santé & Bien-être

Martina Chyba: «J'ai testé pour vous… le bain de forêt»

Martina Chyba, Journaliste et chroniqueuse - ven. 01/12/2023 - 10:52
Et voilà que notre intrépide Martina Chyba a besoin de se reconnecter avec la nature. Désespérée(?), elle a même cherché à communiquer avec un arbre!
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Martina Chyba a fait un bain de forêt en quête d'énergie. © Pierre-Yves Massot

«Je vais faire un bain de forêt!» J’annonce à mon amoureux. Il me répond: «Tu prends ton maillot?» Oui, nous sommes des citadins et, pour ce qui est de la reconnexion à la nature, il y a du boulot. J’explique qu’il ne s’agit pas de se baigner, mais de se tremper dans un environnement fait de bois, d’arbres, d’odeurs, d’animaux, une forêt quoi. Le tout avec une personne qui va me guider pour que je ne me perde pas comme Blanche-Neige ou le Petit Poucet et pour qu’accessoirement, je ne me perde pas moi-même.

J’arrive sur les lieux en voiture, oui c’est tout le paradoxe, pour retrouver la nature, il faut la polluer un peu. Il fait froid, il pleut comme vache qui pisse (restons dans le naturel), ce sera un vrai bain en fait. Je suis équipée comme pour une expédition de survie dans le Nord canadien, avec thermos, gants, bonnet, bottes et tout, alors que je vais juste faire une balade vers le col du Marchairuz. Il n’y a pas de réseau, pas moyen d’appeler les secours si jamais… Ah, ma guide est là, elle me propose le petit tour, oui il y a des tours de 3-4 heures et plus, mais, là, je rêve déjà de couette et de chauffage, alors j’ai une heure et demie pour… mais pour quoi au fond? Elle me demande ce que je viens chercher. Euh… très bonne question, merci, on y va? Non, je réponds honnêtement: «Je viens chercher de l’énergie.» Cette année a été rude, les trois précédentes n’ont pas été de tout repos, donc je suis un peu à plat, sur la réserve, il faut recharger la batterie, je sais, ce n’est pas très nature comme comparaison, mais c’est ce qui correspond le mieux à mon état.

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Autre monde

Nous marchons un peu et nous nous installons sous un arbre. C’est calme, un autre monde, des couleurs, des senteurs et des gouttes tombant des branches qui m’empêchent de prendre des notes. «L’arbre ne veut pas que tu écrives, dit ma guide en souriant, il te demande d’être présente.» Au temps pour moi, j’obéis. Elle me confie que ce n’est sûrement pas par hasard que j’ai envie de faire cela maintenant. Nous sommes à l’automne. «Et l’automne, c’est la saison du tri, dans le cycle, la nature se débarrasse de ce qui ne pourra pas passer l’hiver, elle se prépare. C’est valable pour nous aussi. Tu es en automne, tu dois faire du tri dans ta vie. Un exemple: tu ramasses des pommes en automne et tu les stockes, pour l’hiver, s’il y a une pomme pourrie dedans, elles seront toutes pourries au moment où tu en auras besoin. Il est temps, pour toi, de jeter les pommes pourries.» Gloups. J’avoue, c’est intense à entendre, mais cela touche un nerf chez moi.

Seuil symbolique

Je passe un seuil symbolique et j’entre dans la forêt, je dois faire attention à tout ce qui bouge. Le tremblement des feuilles quand les gouttes tombent dessus, le vent dans les arbres, c’est un monde immobile, mais en mouvement et, oui, vivant. Nous posons les sacs et je dois aller seule à la rencontre d’un arbre, rester avec lui et lui demander quelque chose. Je vois lequel, il a des racines très visibles qui s’entortillent autour d’un rocher plein de mousse. L’image me plaît, j’aime grimper vers lui en touchant la mousse. Je ne sais pas si ses racines parlent des miennes, mais qu’elles poussent comme ça sur la pierre, c’est d’une puissance folle. «La vie trouve toujours son chemin», dit John Malcolm dans le film Jurassic Park. Je m’appuie. C’est bien de s’appuyer, quand on est une personne sur laquelle on s’appuie beaucoup, d’habitude. Contrairement à ma copine Marie qui m’a suggéré cette aventure, je suis du genre à lever les yeux au ciel quand on parle d’embrasser des arbres, mais je le fais, je pose ma tête contre lui et je demande de la force.

Nous finissons par un feu (ça sauve une vie) et une tisane d’aiguilles de sapin (ça re-sauve une vie). «Tu es une personne agile et suroccupée, mais à une nouvelle étape. Là, tu ne pourras pas éviter ce qui vient. Aujourd’hui, nous sommes en vie et c’est de notre responsabilité de savoir ce qu’on en fait.» Ralentir. C’est ça je crois. J’ai entendu. Cette année, le sapin de la forêt, m’a fait un joli cadeau de Noël. 

Je vous en souhaite un tout pareil!

Aujourd'hui, nous sommes malades de la vitesse, du trop de sollicitations visuelles et sonores et du stress que cela produit”

Carine Roth, guide, écothérapeute, chamane.
Carine Roth
Guide, écothérapeute, chamane

«Ah non, je ne me sens pas psy du tout, s’amuse Carine Roth, ni coach. Je suis guide, dans le sens d’accompagner, j’aide les gens à ouvrir une conversation avec la forêt.» Carine Roth est écothérapeute, chamane, elle propose un large spectre d’activités sur son site ceuxdici.ch, dont les bains de forêt. «C’est très accessible, j’ai des groupes variés, certains viennent par curiosité, par plaisir, d’autres sont malades ou dans une phase de désespoir. De manière générale, les gens veulent retrouver une intimité avec la nature. Pour cela, l’idée n’est pas de pratiquer des activités, mais de faire appel à ses sens. Nous sommes un animal sensoriel, nous capturons les informations grâce à l’odeur, la vue, l’ouïe, le goût, le toucher. Notre cerveau est archaïque, il évolue très lentement, il est adapté à un certain volume d’informations et, aujourd’hui, nous sommes malades de la vitesse, du trop de sollicitations visuelles et sonores et du stress que cela produit.»

Justement, en quoi la forêt peut nous guérir? «Elle nous calme, répond Carine Roth, elle nous replace dans un cycle, qui inclut la vie et la mort, dont nous faisons partie. Si l’on admet que les arbres sont des êtres vivants, alors on peut entrer en relation et échanger avec eux. Ils étaient là bien avant nous, ils seront là bien après. Ils sont bienveillants, ils n’agressent pas, ils nous protègent, nous leur devons l’oxygène qui nous permet de respirer. En fermant les yeux, en marchant doucement, en se posant seul au milieu de la forêt, en sentant les odeurs, en écoutant, les gens se reconnectent à tout cela… et c’est une bonne chose.»

Une vie à leurs pieds

Stéphane Krebs, maître-paysagiste et auteur du livre Les bienfaits magiques des arbres, aux Editions Favre, renchérit: «Les arbres absorbent le C02 qui est dans l’atmosphère, ils rafraîchissent, procurent de l’ombre, tiennent les sols en empêchant érosion ou éboulements, favorisent la biodiversité. Savez-vous qu’un vieux chêne peut abriter jusqu’à 500 espèces? Ils perdent leurs feuilles, ce qui enrichit la terre, il y a aussi toute une vie à leur pied.» Et quels sont les effets bénéfiques directs pour nous, les humains? «Les arbres émettent des composés organiques volatils, répond Stéphane Krebs, des huiles essentielles qui sont en suspension dans l'air. On les inhale et elles pénètrent aussi par les pores de notre peau. En forêt, vous avez une majorité de ions négatifs qui sont, en fait, très positifs pour le vivant. Il est établi que les gens dorment mieux dans les chalets en bois d’arolle et j’aime rappeler que l’aspirine vient de l’écorce du saule blanc.»

Mais peut-on vraiment communiquer avec eux, et comment? «Ils ont le temps, il faut donc se mettre en phase avec eux, les observer, se laisser porter. Les respecter, éviter de piétiner leur sol, de les blesser, d’être trop nombreux. Moi, j’aime mettre mon sternum contre le tronc et regarder en haut, il y a quelque chose qui se passe. Oui, un arbre perçoit quand on le touche. Maintenant si vous me demandez où est son cerveau, je n’en sais rien. Nous avons tout à découvrir. »

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