D’accord, quand il sourit, il est désarmant. Cela d’autant plus qu’il fait partie de ces acteurs qui ont bâti toute une carrière ou presque sur une seule expression. Quand Jean Reno, le visage fermé, dit «Tais-toi», l’instinct de survie joue. On se tait. Parce qu’on sent que la baffe n’est pas loin et qu’elle doit faire sacrément mal. Le Français impressionne, il fait partie de la catégorie des grognons où l’on retrouve Sylvester Stallone – bon, lui souffre d’une paralysie faciale partielle, ce qui explique cette tête de grizzly mal léché. Jean-Claude Van Damme, lui aussi, est effrayant, mais surtout en raison de ses propos délirants lors des interviews. On peut ajouter à cette liste Danny Trejo et sa machette, Arnold Schwarzenegger ou un autre Français, Tchéky Karyo, parfait dans les rôles de sadique. Et puis il ne faudrait pas oublier Grumpy, alias Grincheux, dans Blanche-Neige et les sept nains.
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Bref, avoir une sale gueule, ça paie pour certains. Cela dit, on ne peut s’empêcher de l’aimer, Jean Reno. Parce que ce grand gaillard de 1m88, âgé de 75 ans, s’avère un grand sensible hors des plateaux. Grand ami de Johnny Hallyday, il ne se cache pas derrière son masque de brute épaisse, il parle de ses peines d’amour, de sa famille. Star au Japon, connu internationalement, il avoue avoir été déçu (le mot est faible) par Tom Cruise sur le tournage du premier Mission impossible. Toujours tout sourire à l’écran, la star américaine est, à l’inverse du Français, méprisant ses interlocuteurs à un haut degré dans la vraie vie.
Lancé par Luc Besson avec Le Grand Bleu et Léon, l’interprète de Wasabi était à l’affiche en ce mois de février dans une comédie loufoque avec Kev Adams, Daniel Prévost, Amanda Lear, Enrico Macias ou encore Michel Jonasz: Maison de retraite 2. Là encore, il a joué le dur à cuire – ancien plongeur sous-marin et ex-tueur à gages –, avant de laisser la carapace se fendre. Alors, oui, le grand public aime Jean Reno, ce bûcheron au cœur tendre… qui vit à New York depuis des années, où il est voisin avec l’écrivain Marc Levy.
Mais quand il dit «Tais-toi», on se tait!
