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Opinion

Aussi cools que nos grands-mères!

Blaise Willa, Directeur de publication et rédacteur en chef - mer. 01/05/2024 - 17:05
L'éditorial du magazine «générations» du mois de mai 2024, par Blaise Willa.
féminisme hippies nos grands-mères modèles liberté
Toute la détermination et l'élan féministe des année 70 dans un regard. © Trinity Mirror / Alamy

Je suis tombé, l’autre jour, sur un post Facebook (un message, donc) qui m’a subjugué. La photo dudit post, en noir et blanc, montre une jeune femme dansant les bras en l’air, un pagne autour de la taille. Entourée d’une horde de filles et de garçons chevelus, elle semble tout droit sortie de la West Coast des années 70. Le post, lui, est accompagné de milliers de likes et de plusieurs centaines de commentaires d’internautes que la publication a visiblement rendus euphoriques. Commentaires signés, presque à majorité, par des septuagénaires.

Le texte, il faut le dire, est bien troussé. «Votre grand-mère portait des minijupes très courtes, des bottes hautes, des pantalons moulés et pas de soutien-gorge. Elle a écouté Led Zeppelin, Janis Joplin et les Rolling Stones… elle a fumé du tabac et d’autres choses, elle est rentrée à la maison à 4h du mat’ et est partie travailler le matin… Sachez que vous ne serez jamais aussi cool que votre grand-mère.» Un rien démago, sans doute, mais le genre de post qui sait catalyser les réactions sur les réseaux. 

Janis Joplin en pattes d’eph’, comble de la coolitude! La fougue de Mick Jagger, itou. Patti Smith, Bruce Springsteen ou, plus près de nous, Adamo et Sheila, même topo, même génération. Cools et inimitables, comme tous ceux et celles qui les ont écoutés religieusement et réagissent aujourd’hui avec une certaine nostalgie.

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On voit leurs rides, leurs cahots parfois et, pour certains, leur sublime délabrement. Qu’importe! Le public est venu voir un mythe et un mythe n’a pas d’âge”

Blaise Willa
Blaise Willa

Le comble, et cela ravira tous ces aficionados, c’est que, 50 ans plus tard, ces grands-pères et grands-mères du rock’n’roll le sont restés, cools. Ils fument peut-être moins, rentrent plus tôt une fois leur concert terminé, n’arborent plus forcément des minijupes et des bottes hautes, mais ils assurent encore. Oui: à 75 ans, ils rassemblent toujours des milliers de spectateurs et spectatrices lors de leurs apparitions, leurs billets de concerts s’envolent en quelques heures – voire minutes – et les plus ébahis, dans cette histoire, ne sont pas les plus vieux, mais les plus jeunes venus effleurer des yeux et de leur smartphone ces demi-dieux descendus sur terre, guitare en main. 

On voit leurs rides, leurs cahots parfois et, pour certains, leur sublime délabrement. Qu’importe! Le public est venu voir un mythe et un mythe n’a pas d’âge. 

Loin de prôner l’éteignoir du «c’était mieux avant», il faut bien avouer que ces grands prêtres et prêtresses de la musique font fort et continuent leur travail de pollinisation à passé 70 voire 80 ans. Ils nous maintiennent tous vivants, jeunes comme vieux. Mais surtout les vieux qui, les yeux brillants, espèrent secrètement que le passé de rébellion et de légèreté qui les a fait vibrer et a construit leurs valeurs parvienne à nourrir lentement l’avenir de jeunes, qui, avouons-le, en ont bien besoin aujourd’hui.

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