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Santé & Bien-être

Au lit, je te dirai des mots crus

Romy Siegrist, Sexologue - mer. 01/05/2024 - 16:17
«Ça n’est pas un peu bizarre d’avoir envie de dire ou d’entendre des insanités et des gros mots pendant l’amour?» demande Anna, 71 ans. La sexologue Romy Siegrist lui répond.
sexualité
Le "dirty talk" peut être délectable si mutuellement consenti! © iStock

Quand bien même les représentations du coït ont tendance à être romantiques et remplies de mots doux, nombreuses sont les personnes qui dans l’alcôve de leur chambre érotisent plus ou moins secrètement non pas les surnoms du petit oiseau, mais les petits «noms d’oiseaux» sexuels qu’elles peuvent se donner. Le dirty talk, traduit littéralement par «parler sale» en français, peut prendre ainsi plusieurs formes (de la description plus ou moins crue de l’instant à l’insulte). S’il est vrai, Anna, que l’on peut trouver cela «bizarre», il est bon de savoir que c’est, si ce n’est une pratique, au moins un désir courant! Faisons-en un petit tour d’horizon.

Un coup de pouce auditif 

Les verbalisations au sein d’un rapport ne sont pas utiles uniquement pour demander ou vérifier le consentement de notre partenaire, mais aussi pour rendre audible son plaisir, partager son extase et… renforcer la sienne. De manière générale, gémissements, soupirs haletants et interjections monosyllabes («mmmh») sont monnaie courante et enrichissent le moment. Il n’est pas rare que des cris et des mots crus sortent comme expression du plaisir, tels qu’un «ah putain, comme c’est bon!», ou que des insultes soient imaginées pour s’exciter et se faire mener à l’orgasme, comme «tu es/je suis une bonne salope». Cela entraîne souvent de la honte et de la culpabilité, parce que «ça ne devrait même pas se penser», alors, de là à le dire… Pourtant, le plaisir réside peut-être justement là, dans l’espace de jeu subversif que le dirty talk vient ouvrir, et qui peut être délectable si mutuellement consenti!

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Le plaisir réside peut-être dans l'espace de jeu subversif”

Romy Siegrist, psychologue FSP, sexologue rubrique sexo psycho
Romy Siegrist

«Dévaste-moi»

« […] Déglutine-moi... Délabre-moi. Ratisse-moi. Corrode-moi. Démantèle-moi. Désintègre-moi... Écrabouille-moi. […]» Comme le chantait Brigitte Fontaine en 1966 dans son album 17 chansons décadentes et fantasmagoriques, le désir organique de posséder et d’être possédé, de prendre et d’être pris au point d’atteindre le nirvana – ce retour vers le néant, tel que Freud l’avait popularisé – est une expression de la pulsion de mort s’articulant dans le désir sexuel que le dirty talk vient souligner. Cela dit, la chanson finit ainsi: «Mais, c’est qu’il le ferait, la brute!», soulignant la volonté que cela demeure dans le domaine du fantasmatique. Et c’est là tout l’enjeu du dirty talk réussi: articuler sécurité et «insanités», pour reprendre vos mots!

Si l’on ressent de la gêne avec cette pratique, mais qu’elle nous titille, on peut commencer par verbaliser ce que l’on aimerait recevoir ou faire à l’autre, décrire ce qui est en train d’être réalisé («oh, comme tu me rends trempe»), et puis monter crescendo si l’on sent que cela nous excite. Avoir eu une discussion en amont sur les termes qui pourraient être utilisés (et ceux qui sont prohibés) est une bonne idée. Si cela reste trop exposant ou peu clair, les sextos sont une autre manière d’apprivoiser la pratique, de sentir ce qui nous convient le mieux avant de les incorporer dans le moment lui-même. Et puis, sur l’instant, prendre soin du ton et de la formulation est important, car un «tu es ma petite p... adorée» peut heurter de prime abord, mais faire toute la différence s’il est susurré !

Posez vos questions!

Souci, plaisir ou nouvelle pratique, vous avez certainement des questions brûlantes à poser à notre experte. Rien de plus simple: laissez un commentaire ci-dessous ou rendez-vous sur generations-plus.ch/sexo et déposez votre message.

Ou encore, écrivez-nous à: Générations, Rubrique Sexo, rue des Fontenailles 16, 1007 Lausanne.

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