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Opinion

Tenue de combat

Isabelle Guisan, Journaliste - sam. 01/06/2024 - 09:16
Corps et âme, la chronique d'Isabelle Guisan.
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L'attirail anti-tiques se compose de spray répulsif et de manches et pantalons longs... © iStock

Balade au pied du Jura. Il fait encore trop frais pour s’asseoir sur un vieux tronc. Mais, déjà, le mal est fait: une tique s’est agrippée à l’arrière de ma cuisse. Je ne la découvre qu’au bout de deux jours. Des maux de tête se déclarent. En l’absence de tout halo rouge autour de la piqûre, je m'inquiète uniquement de ces céphalées inhabituelles. Ma médecin, elle, prend une photo de la piqûre et décèle sans peine le rond rose qui la cerne. La borréliose (aussi appelée maladie de Lyme). 

C’est parti pour dix jours d’antibiotiques costauds, moi qui n’en ai plus avalé depuis des décennies. Je me hasarde néanmoins sur les sentiers, cette fois avec un groupe de seniors. Il y en a en shorts, d’autres en pantacourts, qui s'étonnent: «C’est quoi la borréliose?» On la confond avec la beaucoup plus dangereuse méningo-encéphalite à tiques, contre laquelle bon nombre de participants ne sont pas vaccinés.

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Rien de tel qu’une bonne dose de virus pour rendre vigilante”

Isabelle Guisan

En quelques jours, j’ai adopté toutes les stratégies censées éloigner les tiques. Ma tenue de combat: pantalons enfoncés dans les chaussettes et pschitt pschitt répétés de répulsif. Pour le pique-nique, je m’assieds sur un coussin gonflable et mon sac à dos ne touche plus l’herbe. De retour chez moi, je secoue chaussettes et chaussures, inspecte tout mon corps en me contorsionnant sous la douche. 

Rien de tel qu’une bonne dose de virus pour rendre vigilante. Et m’étonner de l’insouciance générale alors que les tiques sont déjà partout en avril, même à 2000 mètres! «Les tiques porteuses de virus sont minoritaires, c’est vrai, mais le traitement antibiotique est de rigueur en cas de suspicion de borréliose.»

Mon prochain apprentissage: ne pas trop juger les insouciant.e.s dont j’ai fait longtemps partie et que je continue à fréquenter. Ainsi le guide de notre groupe ce jour-là, en shorts, qui harangue bien trop tard ses troupes déjà parties dans les hautes herbes sans spray répulsif sur les jambes ni dans leur sac à dos. Seuls deux autres sages ont enfoncé leurs pantalons dans leurs chaussettes. Côté look, ça laisse à désirer. Mais le défi est ailleurs désormais: que plus une tique n’accède à mon corps.

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