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Opinion

Métro, boulot, clito

Martina Chyba, Journaliste et chroniqueuse - ven. 01/03/2024 - 11:22
A cœur joie, la chronique de Martina Chyba.
Martina Chyba - Le sexe, c’est bon pour la santé
Martina Chyba. © Jay Louvion / RTS/DR

Lors de la cérémonie de remise des Golden Globes, qui récompense les meilleurs films et séries américains, l’actrice Gillian Anderson portait une robe qui a «fait le buzz», comme on dit. A priori rien de particulier, une robe bustier, de soirée, blanche, voilà. Sauf qu’il y avait des machins brodés dessus. Et les machins en question, si on regarde de près, ce sont des vulves. Oui, des minettes, des foufounes, je vous épargne les terminologies plus vulgaires. Et tout le monde s’extasie, fait des «Ah!» et des «Oh!». Stupéfiant, sensationnel, la robe vagin, un message si puissant, si disruptif, so amazing!

Ouais. Bof.

Depuis quelques années, il y a des sexes féminins partout. On a même eu un festival de la vulve à Genève. Le clitoris est devenu une sorte de totem, on en trouve partout, dessinés, tagués, en peluche, gonflables, même la mascotte des Jeux olympiques de Paris y ressemble (bon ce n’était pas l’objectif premier, a priori il s’agirait d’un bonnet phrygien). Moi, je n’ai rien contre la visibilité, il est vrai que le sexe féminin est resté «caché» des milliers d’années et que de nombreuses personnes ne savent pas où se trouve le clitoris (demandez à votre chéri de vous expliquer à quoi ça ressemble, ce que c’est et comment ça marche, ça peut animer la soirée), ni même parfois qu’il existe.

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Afficher l’origine du monde, ça devient du marketing pur”

Martina Chyba

Maintenant, on sature un peu, non? Afficher l’origine du monde, ça devient du marketing pur; contrairement à l’orgasme, on sait que ça marche à tous les coups (hinhin). Qui n’a pas son petit symbole féministe à présenter pour dire: hep, n’oubliez pas que j’en suis? Ensuite, cela réduit une fois de plus les femmes à leurs organes sexuels. On a assez reproché (à juste titre) aux hommes d’être phallocentrés, alors sommes-nous obligées de faire pareil en étant vaginocentrées? Et puis imagine-t-on un mec avec un costume sur lequel seraient imprimées des quéquettes? Qui trouverait cela so amazing? Quand on dessine un zizi sur un mur, c’est beauf et vulgaire, et quand on dessine une zézette n’importe où, c’est classe et progressiste: cela fait avancer le dossier, ça?

J’ai une idée qui mettra tout le monde d’accord: on pourrait broder sur nos vêtements quelque chose que l’on a tous et toutes en commun, un cerveau. 

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