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Culture

Ronald Reagan, quelle blague!

Jean-Marc Rapaz, Journaliste - sam. 01/02/2025 - 13:01
Fainéant, un poil ignare – pour ne pas dire plus – et raciste, l’ancien président des États-Unis décédé en 2004 à l’âge de 93 ans était un drôle de zozo qui préfigurait déjà l’avènement d’un certain Donald Trump. Une BD retrace son parcours.
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Ronald Reagan, président des Etats-Unis dans les années 1980, s’était façonné une image de président sympa. © DR

La Californie aime les acteurs de cinéma. Au point de les élire gouverneurs, comme Arnold Schwarzenegger ou Ronald Reagan. Mais de là à comprendre comment ce dernier a ensuite conquis la Maison-Blanche, il y a un fossé aussi large que le Grand Canyon. Le profil de l’ancien cow-boy d’Hollywood (au générique d’une cinquantaine de films) semblait en effet totalement incompatible avec des responsabilités politiques de ce niveau. Le bonhomme n’aimait pas se lever, ni travailler le week-end. Et pour ce qui était de se plonger dans les dossiers, il préférait de loin déléguer. Cela vous fait penser à quelqu’un qui vient d’être réélu à la tête de la première puissance mondiale? Soyons franc, on ne peut s’empêcher de penser à Donald Trump en lisant une nouvelle biographie, sous forme de roman graphique, consacrée à Reagan et au titre pour le moins provocateur: Le crétin qui a gagné la Guerre froide.

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Ronald et Donald, même combat? On remarquera que le milliardaire avait à l’époque participé au financement de la campagne présidentielle du premier. Plus étonnant, relève Jean-Yves Le Naour, scénariste de cette bande dessinée après avoir écrit en 2021 un documentaire consacré au Californien sur Arte: «Figurez-vous que le slogan de Ronald Reagan en 1980 est “Make America great again”! Cela vous rappelle quelqu’un? En baissant les impôts, en dérégulant l’économie, Trump s’inscrit dans la continuité du reaganisme.»

Et le co-auteur de cet album de rappeler que «Reagan appartenait à l’aile droite du Parti républicain – comme Trump – et, en bon libéral, il considérait que c’est l’intervention de l’État le problème, que les politiques de lutte contre la pauvreté entretenaient la pauvreté, etc. Il est donc très méprisant envers les pauvres, les chômeurs et les Noirs, ces derniers votant majoritairement démocrate.»

La bonne blague

Cela dit, ce serait une erreur de diaboliser à l’extrême celui qui a échappé de peu à la mort lors d’une tentative d’assassinat le 30 mars 1981. Touché par une balle, Reagan avait alors eu le poumon perforé et des hémorragies internes. Pourquoi était-il adoré des Américains? «Il était drôle et écoutait ses conseillers; Trump est méchant et n’écoute personne, puisqu’il pense être un génie. Et en plus, Dieu le protège!»

Ajoutez à cela que Reagan apparaît dans l’histoire comme celui qui a contraint l’URSS, asphyxiée financièrement, à mettre fin à la guerre froide. Pour l’anecdote, Gorbatchev, totalement décontenancé par l’humour de l’Américain, ne voulait plus négocier avec lui, demandant à discuter avec ses conseillers qui, eux, savaient de quoi on parlait!

Alors, Reagan, un idiot, vraiment? «En fait, je ne cesse de me poser la question: était-ce un crétin fini ou bien jouait-il au crétin? Il est certain que Reagan était limité intellectuellement, qu’il ne connaissait pas les sujets à fond, mais c'était un grand communicant. Il a d'ailleurs inventé un style de communication fondé sur l’humour qui en a fait un président sympa.»

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