Edouard Morerod – L'art du trait et du regard - du 12 mars au 21 juin 2024

« Ces huit dernières années, quatre expositions ont donné à voir un large éventail d’œuvres d’Edouard Morerod (1879-1919) pour permettre de redécouvrir un artiste vaudois ayant fait l’essentiel de sa carrière entre Paris et l’Espagne. Le titre «Edouard Morerod – L’art du trait et du regard» met en avant ses capacités exceptionnelles de dessinateur et l’importance que prend chez lui le regard, celui des sujets mis en joue et celui qu’il porte en tant que peintre sur ce qui l’entoure. La brièveté de son existence ne l’a empêché ni d’écrire ni de se faire connaître. Ne fût-il pas sociétaire du Salon d’Automne à Paris, parmi d’autres distinctions ? Si Steinlen a joué un rôle décisif dans son orientation picturale, son compatriote Marius Borgeaud, rencontré déjà en 1903 à Paris, l’aura accompagné dans la durée, ne ménageant pas ses critiques à l’occasion. Il est vrai que leurs styles respectifs ne sont guère convergents », explique le Président de l’Association des amis de Edouard Morerod, Jacques Dominique Rouiller.

C’est l’humanité tout entière qui captive notre homme. Il a le sens du croquis, de la silhouette comme prise au lasso, mais aussi du pastel avec son côté soyeux dont il exploite les nuances en virtuose. C’est un cyclothymique avec le doute chevillé au corps. Ce grand sensible va s’investir pleinement dans son art. Il fut, très jeune, précepteur du fils du Prince Wiazemsky à Lotarevo en Russie, faisant ensuite brièvement route vers l’Orient. Une parenthèse d’importance dans son oeuvre:  deux séjours à Tanger dont il tire le meilleur parti, même si les femmes voilées frustrent l’homme sans cesse à la recherche du regard. Des centaines et des centaines de personnes, des femmes surtout, prirent la pose devant cet artiste insatiable, toujours en quête de perfection. Une Sévillane du nom de Pastora s’imposera dans la durée comme une égérie incontournable. Elle sera son modèle de prédilection. Les premiers portraits d’elle datent de 1907 et les derniers de 1917… »

Exposer Edouard Morerod dans un hôpital fait d’autant plus sens qu’à partir de 1914 il effectuera des séjours à Leysin pour tenter de guérir d’une tuberculose qui, hélas, l’emportera. Tout comme son père avant lui, c’est de cette maladie faisant des ravages à l’époque qu’il mourra le 22 juillet 1919 à Lausanne. Aujourd’hui, son œuvre lui succède pour le plaisir de nos yeux.