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Loisirs

Martina Chyba: «J'ai testé pour vous... le (très) long courrier»

Martina Chyba, Journaliste et chroniqueuse - lun. 01/01/2024 - 10:43
Martina dans un avion, on sent les jambes qui frétillent et pas que d'ailleurs, la tête aussi. On plaint les autres passagers et le personnel. En piste!
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Martina Chyba et les affres d'un vol longue durée avec une mission: amener une marmite de l'Escalade intacte à sa soeur à Hawaï. © DR

Maman j'ai pris l'avion. Pour aller trrrès loin en plus. Oui, je sais, c’est mal. Mais, sur ce coup-là, je ne culpabilise pas trop… Ma sœur vit depuis 25 ans à 12'500 km et 12 heures de décalage de moi. Nous n'avons plus de parents, nous ne nous voyons quasi jamais, car Honolulu, ça fait loin pour le we. Aujourd'hui, les familles sont éclatées dans le monde, on peut le déplorer, mais on fait quoi? On ne prend plus l’avion et on laisse seul un parent malade? On ne voit jamais ses petits-enfants? L'avion n'est pas seulement un caprice de riche qui veut se dépayser, mais aussi un lien entre humains. Bref, j’ai 28 heures 50 de voyage pour y réfléchir. J’ai aussi une Marmite genevoise de l’Escalade en chocolat, le rêve de ma little sister et le truc le plus fragile du monde à transporter. Mon défi est que la marmite et moi, on arrive entières. 

J’ai fait l’enregistrement, j’ai la carte d’embarquement, j’ai même imprimé l’étiquette à bagages, c’est cool, on paie pour faire le boulot à la place des employés. Premier vol Francfort, facile, transit vers le Lufthansa pour San Francisco. Bonheur dû au hasard, j’ai le siège G, à savoir le couloir, ce qui est important car a) j’ai mal au dos, b) je dors peu et mal dans mon lit, alors imaginez dans un avion et c) j’ai une petite vessie. Pour compléter le glamour de ce tableau, j’ai mis des bas de contention (ça m’a pris 10 minutes à 5 heures du matin, un délice), et une ceinture chauffante.

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Quelque chose de chaud dans de l'alu

Je trouve ma place. Le monsieur à côté de moi est très gentil, mais comment dire, il est hem… volumineux (déjà que je contribue au dérèglement climatique, si en plus je suis grossophobe, ça risque de mal se passer lors du jugement dernier). Alors clairement, je n’aimerais pas être à sa place, car je me demande honnêtement s’il pourra s’extraire de ce siège à l’arrivée, mais pour le moment, disons qu’il occupe aussi 25% du mien. Entre lui et la marmite, sur 12 heures, ça risque de créer des tensions, et pas que musculaires. 

Les premières heures ça va, mots fléchés, liseuse, magazine d’actu, magazine plaisir et arrive le repas. Enfin repas, c’est vite dit, quelque chose de chaud dans de l’alu. Dieu du ciel (c’est le cas de le dire), quand on vole allemand, pourquoi tenter un couscous? C’était une sorte de magma indéfinissable très salé, même une bratwurst, j’aurais préféré. Heureusement, j’avais prévu mes sandwichs à la viande séchée et gâteaux banane flocons d’avoine. Au pire, j’aurais bouffé la marmite, haha.

Plan glamour

Après, il s’agirait de dormir un peu. Drame. Donc vous savez ce que j’ai fait? J’ai pris le reste des Valium que j’avais dû donner à mon chat parce qu’il avait une infection urinaire et que ça lui détendait l’urètre - je vous jure que c’est vrai - ça devrait me détendre un minimum aussi. Hop, une pilule, le coussin tour de cou, un machin en panda sur les yeux, des boules Quies (oui, le plan glamour continue). Eh bien j’ai dormi, allez à la louche, on va dire 1 heure 30. Un zombie. Donc, j’ai fait des expéditions aux toilettes, en chaussons because flemme de remettre mes chaussures, mais c’est sale par terre. J’ai vu mon visage dans la glace et j’ai abandonné toute idée de me recoiffer ou d’être présentable. J’ai fait des étirements sur les 50 centimètres devant les toilettes avec le steward assis qui me regardait comme une cinglée, alors que c’est eux qui nous conseillent de faire ça. J’ai essayé de visionner Downtown Abbey 2, mais les écouteurs ne permettaient pas d’écouter, donc j’ai lu les sous-titres.

Et comme ça, en serrant les fesses, les dents et surtout les coudes, j’ai atterri à San Francisco. Douane, récupérer la valise, marcher jusqu’à la gate 14 E, attendre 3 heures et repartir pour six heures de vol, dans un avion plus petit, heureusement que mon voisin était plus petit aussi.

Arrivée à Honolulu, il est 20 heures, je ne sais pas de quel jour, ma valise jaune vif (c’est plus voyant sur les tapis roulants) arrive, ma sœur adorée aussi. La marmite et moi avons survécu, challenge relevé. Il me reste deux semaines pour me remettre du voyage et des 12 heures de décalage avant de… repartir dans l’autre sens! Aloha!

Marcher régulièrement”

Dr Mathieu Potin, FMH en médecine interne et en médecine d’urgence SSMUS.
Dr Mathieu Potin
FMH en médecine interne et en médecine d’urgence SSMUS

«Plus que l’âge, le problème est celui des comorbidités, c’est-à-dire des pathologies existantes, précise le Dr Mathieu Potin, FMH en médecine interne et en médecine d’urgence SSMUS, il faut faire très attention en cas de maladie cardiaque ou pulmonaire instable. En dessous de 4 heures de vol, il y a peu de risques, mais un très long courrier, vers l’Australie par exemple, pourrait provoquer une thrombose ou une embolie pulmonaire.» 

Alors, prenons depuis le début, que faire impérativement avant le voyage? «Un bilan médical. Checker la pression artérielle et le taux d’oxygène par oxymétrie de pouls. Etablir la liste de ses médicaments en anglais, et préparer des documents sur sa maladie. Bien vérifier ses assurances, il faut que la médecine d’urgence soit couverte dans le pays où l’on va, ainsi que le rapatriement.» Et comment gérer le stress? Est-il possible de prendre un anxiolytique? «Oui, le stress est souvent sous-estimé: il y a les hubs, de longues attentes, des retards. Prévoir des escales avec assez de temps. Si l’on a du mal à se déplacer, demander une assistance 48 heures avant. Un anxiolytique pourquoi pas, mais il faut l’essayer chez soi, car s’il induit une grande somnolence, cela peut poser problème. Et ne pas boire d’alcool après, car cela peut soit endormir encore plus soit, au contraire, provoquer de l’agitation.» 

La peur des thromboses

Et dans l’avion? Quels sont les effets de la pressurisation? «Il y a moins d’oxygène, c’est comme si vous restiez à une altitude comprise entre 1800 et 2400 mètres d’altitude. Donc les gens qui souffrent d’insuffisance respiratoire ou cardiaque doivent éventuellement s’équiper d’oxygène. Il faut également être prudent après une opération et ne pas voler moins de 24 heures après une plongée sous-marine.» La peur la plus répandue est celle des thromboses, que faire? «Achetez des bas de contention au supermarché c’est très bien, conseille Mathieu Potin, vous pouvez prendre une aspirine, mais ce sera peut-être plutôt un effet placebo. Moi à mon âge, j’aurais tendance à me faire une injection de produit anti-coagulant pour un long courrier, ce n’est pas une indication pharmaceutique, mais c’est efficace. Et bouger, essayer d’obtenir un siège couloir, marcher régulièrement. Attention aux somnifères, prendre des médicaments légers, il ne faudrait pas dormir 10 heures de suite en position assise.»

Est-il vrai qu’il faut beaucoup boire? «Oui, mais pas de l’alcool, sourit le médecin, l’alcool ainsi que le café et le thé sont diurétiques, donc ils n’hydratent pas aussi bien que l’eau. Il faudrait en boire 1 litre et demi sur 24 heures, car l’avion déshydrate beaucoup. Débrancher son appareil auditif pour éviter un environnement sonore pénible, ne pas mettre de lentilles de contact, avoir des gouttes pour le nez et pour les yeux secs. Et un masque chirurgical, le risque étant que vos voisins aient une grippe ou le covid. A l’arrivée, on peut prendre de la mélatonine pour le décalage horaire, mais les effets sont très variables selon les individus, en revanche, il faut s’exposer rapidement à la lumière pour que le corps retrouve son rythme.»

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